Publié le mardi 24 novembre 2015 à 03H00
La première Maison de la semence ouvrira dans quelques jours à Nouméa. Basée sur un système d’échange gratuit de graines et de savoir-faire, la rencontre mensuelle vise à promouvoir les espèces locales.

Au fil des ans, Male’Va s’est constitué un réseau et surtout un stock de semences reproductibles originelles et originales locales. Des membres de l’association participent au Jeudi de l’environnement pour faire connaître leur action.
La belle photo de choux de Chine fait envie sur le petit sachet. Les petites graines teintes en bleues un peu moins. Le choix de semences de fruits et légumes est impressionnant dans cette jardinerie dans la ville. Pour certains Calédoniens, ces rayons sont le plus court chemin vers le potager.
D’autres n’y mettent jamais les pieds. « Ces graines importées sont peu adaptées à l’environnement local et sont surtout non reproductibles », détaille Kevin Gallot, secrétaire de l’association Male’Va. Par non reproductible, il faut entendre que l’on ne peut pas s’en resservir à la génération suivante. Une fois qu’on a fait pousser ses tomates, leurs graines sont stériles. On est donc obligé de retourner en magasin pour en racheter. Une alternative sera bientôt possible.
Très active sur le sujet depuis cinq ans, l’association ouvre la première Maison de la semence de la ville le 5 décembre. « Le principe est de construire un réseau pour échanger des graines ou des boutures, mais aussi des savoir-faire. » Légumes, plantes aromatiques ou médicinales, sur le principe « tout est gratuit », mais les participants s’engagent sur le long terme à les faire pousser puis à prélever et partager celles qu’ils auront obtenues. Le rendez-vous sera mensuel dans un premier temps. « Pour ceux qui jardinent déjà, cela permettra d’accéder à des semences locales, parce qu’aujourd’hui, ça ne se trouve pas facilement si on les cherche à la vente, détaille Julien Le Breton, un des défenseurs de la permaculture dans nos jardins. Il faut apprendre à changer nos méthodes d’approvisionnement. Revenir à des contacts plus humains. Par contre, c’est vrai qu’on ne les a pas forcément tout de suite, contrairement au magasin. »
Une philosophie qui passe par des échanges à la Maison de la semence ou même par Internet. « On trouve aussi des rubriques spécialisées sur les sites d’annonces locaux pour échanger des boutures ou des graines. » Pour le botaniste Bernard Suprin, les Calédoniens ne sont pas encore très sensibilisés à cette question. « De grands groupes industriels cherchent à s’approprier le vivant, ces graines locales sont précieuses. Il faut les diffuser à grande échelle et surtout ne pas chercher à les vendre. » Les défenseurs de cette démarche plus locale avancent aussi des arguments financiers. « Si l’on s’amuse à rapporter le prix des sachets au kilo, on se rend vite compte de ce que ça coûte à la Calédonie », ajoute Julien Le Breton.
Après multiplication, les quatre grammes de graines de salade frisée coûtent plus de 62 000 francs le kilo. « En plus, quand j’achète un sachet de graines de haricots, j’en gaspille beaucoup car je n’ai pas assez de place », regrette Monique, qui fait pousser quelques légumes dans son jardin. La démarche demande en revanche un peu d’organisation pour prélever les nouvelles graines. « Pour les papayers et les pomme-lianes, je sais faire, assurait Martine qui flânait hier dans une jardinerie, mais pour un concombre ou des carottes, je fais comment sans acheter de graines ?
30 : C’est le nombre d’espèces de tomates différentes disponibles au sein du réseau. Si elle ne dispose pas de chiffres précis, l’association estime à plusieurs centaines le nombre de semences, boutures ou plants différents en stock.
Comment participer ?
Les personnes intéressées ne sont pas obligées d’adhérer à l’association. Mais pour participer à ces journées d’échanges qui se déroulent chez un particulier, elles doivent prendre contact avec l’association via le site https ://assomaleva.wordpress.com rubrique maison de la semence. La rencontre devrait débuter à 9 heures, le 5 décembre.
En ville et en brousse
D’autres initiatives de ce type existent déjà avec le Groupement des agriculteurs biologiques (Gab) qui travaille depuis quelques mois à la création d’une banque de semence à la bibliothèque de Bourail. Un fichier répertorie déjà les premières semences stockées au frais, mais les « agriculteurs à titre principal sont prioritaires ». La structure propose aussi des rencontres pour le public autour des sujets liés à l’environnement.
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